La tradition comme Principe
Pour comprendre l'aspect traditionnel de l’astrologie, essayons de comprendre ce qu’est la Tradition.
Nous entendons par "Tradition", la source, l'origine commune entre toutes les traditions existant au-delà du temps profane. Une source de lumière et de vérité pure d’où jaillit la connaissance sacrée permettant la compréhension du monde et de ses lois. Cette eau lumineuse devenue rivière, servira de repère, de lien, et de chemin de retour conduisant le chercheur ou la chercheuse à sa maison céleste.
La Tradition primordiale, présentée par René Guénon, fait référence à cette origine qui dépasse et transcende nos temps historiques et qui relie toutes les traditions sous un même ciel, une même étoile, un foyer originel.
Le regard projeté dans le ciel étoilé, ce royaume des cieux, nous permet toujours de ressentir ce lien, cette relation mais également une distance parfois angoissante nous séparant inévitablement de nos origines lumineuses, ce qui pourrait expliquer l'amnésie collective des origines propre à notre époque actuelle et à la fin de l'âge de fer ou du Kali Yuga. Un "Yuga" étant un cycle, sa naissance, son existence et sa fin.
L'origine, toute symbolique, est bien sûr spirituelle, vivant au centre de chacun en dehors du temps telle une géographie interne dont les astres sont les reflets et les guides illuminant le chemin de retour au centre de l’être.
Un centre est aussi un pôle, le pôle étant une sorte d’exaltation du centre tiré vers les hauteurs. Pour atteindre ce pôle, les sociétés traditionnelles représentaient des structures à étages, à degrés comme les ziggourats.
Les ziggourats babyloniennes, édifices à 7 étages, représentent parfaitement la voie initiatique, et les sept énergies planétaires ou centres énergétiques qu’il faut maîtriser afin d’arriver au sommet de cette expérience, au Pôle spirituel.
À l’image de l’échelle de Jacob, de la montagne sacrée ou de l’église intérieure à édifier.
Différentes civilisations, différentes formes, différents noms, même démarche, même fond… Un foyer commun.

William Blake - L'échelle de jacob 1806.
Les cycles et la respiration cosmique
Le temps et les cycles sont souvent comparés à une respiration cosmique, on expire la force créatrice universelle et on inspire pour un retour à l’origine. C’est d’ailleurs pour cette raison que la respiration et le souffle sont des éléments centraux au sein des pratiques spirituelles traditionnelles telles que le Taoïsme, le Yoga, le Bouddhisme, l’Orthodoxie Chrétienne… Le souffle est bien sûr significateur de vie, et de l'échange vital que l'on entretien avec la nature, son absence étant la représentante d’une finalité, d'une mort.
Les cycles ou respirations cosmiques, sont de nature similaire entre eux mais ils ne sont pas égaux, ils se répètent sans se répéter. Chaque cycle incarne une “image” qui lui est propre et particulière.
En astrologie nous avons conscience que les temps sont remplis de Dieux.
Chaque époque correspond à une respiration cosmique structurant un temps donné, donnant naissance à une civilisation, une histoire, une religion.
L’humain étant religieux par essence, il y aura toujours des religions. Que ces religions soient d’un ordre sacré correspondant aux mœurs et besoins d’une époque particulière, telle la religion du MITHRAÏSME et le sacrifice du taureau, ou la religion CHRÉTIENNE PRIMITIVE jaillissant de ses origines païennes et du signe des poissons, ou bien une religion désacralisée, comme le matérialisme, cette religion d'inversion ayant elle aussi ses églises, temples de consommation, révélant magnifiquement l’aspect négatif du sacrifice individuel et de la folie collective que notre époque incarne.
D’ailleurs, les textes traditionnels eschatologiques se référant aux grands cycles, tels que Hésiode (les 4 âges), les mythologies irlandaises, le Mahabharata et leur interprétation contemporaine, nous aident à comprendre beaucoup mieux la nécessité de l’époque que nous traversons, toute la difficulté est peut-être de pouvoir "aimer" cette époque afin de la transcender.
La tradition universelle ou “foyer originel” que nous avons référencé plus haut se situe donc hors du temps profane, elle est le phare illuminant le chemin de retour à notre maison céleste.
Résolument pratique, une tradition même temporelle, permet aussi de ne pas se perdre en route, car rattachée à une vérité, elle apporte une lucidité même dans les temps les plus sombres, temps sombres car éloignés du principe lumineux. La Tradition elle, y demeure.
Une autre belle représentation de la Voie, du Tao, du chemin spirituel menant à la libération, a été proposé par Johann-Georg Gichtel dans sa "Theosophia Pratica" où il présente des gravures du corps occulte de l’Homme régénéré ou "Homme lumineux".
Nous pouvons observer sur ces dessins le côté animal inférieur de l’humain qu’il faut maîtriser afin de se libérer de la matière pesante et obscure. Sur cette planche on peut également observer la coeur libéré par l'Esprit, ou la colombe.

Nous retrouvons cette technique de spiritualisation de la matière dans divers techniques d’alchimie interne comme le Taoïsme ou le Yoga tantrique traditionnel.
La kundalini est elle aussi à l’image d’un serpent, enroulé à la base de la colonne vertébrale qui une fois libéré, par la maitrise, permettra l'ouverture de l'oeil spirituel de l'être, donc l'accès direct à la Lumière.
L’ astrologie dans sa forme spirituelle et sacrée, est elle aussi est un outil merveilleux de libération, permettant par la connaissance, de nous guider toujours plus haut sur les marches de cette échelle de lumière à deux pieds. Le pied de la Connaissance et le pied de l’Amour, dont les étages mènent jusqu’à l’infini des soleils de notre géographie interne.
Julien MORETTO